jeudi 01 mars 2012 à 21h24

La saison 2012 est déjà bien entamée et il était donc bien temps de faire le point avec Jérémy Roy. En effet, cette année encore, Jérémy a accepté de tenir un petit carnet de route sur velowire.com. On s'était quittés sur les routes de Moussy-le-Vieux en décembre.

Dans cette interview, nous faisons le point sur son début de saison et nous jettons un oeil sur le Paris-Nice à venir ...


VW : Quand on revient un peu en arrière, un coureur comme toi, qu'est-ce que tu fais pendant cette période hivernale ?
JR : La période hivernale est très vite avalée. J'ai coupé trois semaines sans vélo. Après j'ai repris par ma rando VTT, organisée par mon club et mon club de supporters. C'est une reprise assez violante du coup, 60 bornes de VTT. Après j'ai repris progressivement jusqu'au premier stage de Moussy où on a commencé à rallonger les distances.
A part ça j'ai quand même pu profiter de ma petite famille avec ma fille et ma femme qui était en congé parental, donc c'était que du bonheur cet hiver !


Jérémy RoyVW : On a eu un hiver particulièrement doux jusqu'à un certain moment. Est-ce que pour toi ça change des choses dans ton programme hivernal ?
JR : Comme j'étais prévu en Australie, j'ai pu m'entraîner dans de très bonnes conditions ... jusqu'à mon retour où les choses se sont compliquées effectivement fin janvier quand on eu la neige et le grand froid. Dans mon département j'étais bloqué par la neige, parce qu'ils ont pas trop dégagé les routes. Pendant une semaine je me suis contenté de faire du VTT quand même un petit peu et du hometrainer. Je voulais pas prendre le risque sur la route, c'est tellement dangereux, surtout sur les bas-côtés, c'est terrible ...

VW : Comme tu le dis, tu as repris sur le Tour Down Under dans le sud de l'Australie. La grande chaleur là-bas, ça fait du bien en début de saison ?
JR : Oui, moi j'aime ça, la chaleur, donc ça pose pas de souci ! On a eu beau, chaud, toutes les conditions étaient réunies pour faire cette première course et y faire du vélo comme je l'aime. J'y allais avec des ambitions assez élevées, pour marquer des points pour le WorldTour, soit sur une étape, soit au général. Mais je me suis un peu fait piéger sur l'étape de Willunga où finalement il y avait un coup de bordure mais .. après le premier passage de la bosse, sur le plateau en haut. J'étais en 25ème position et ils arrivent à 20 devant au pied de la dernière bosse .. ça a cassé devant moi, je n'ai pas pu boucher le trou.
Du coup, j'étais un peu frustré sur cette étape car je pense que j'aurais pu faire un top 15, au moins. C'est pas vraiment un final pour moi non plus parce que ça montait mais j'ai eu de bonnes sensations.

Les autres jours c'était un peu plus compliqué de faire des places parce que ça arrivait au sprint, assez massif, à part une étape où on est arrivé une 50aine où j'ai fait 11ème
(il s'agissait de la 4ème étape entre Norwood et Tanunda), l'étape était remporté par Oscar Freire.

Jérémy RoyVW : L'Australie reste quand même un pays relativement récent pour le cyclisme. Tu peux nous décrire l'ambiance là-bas ? Le cyclisme y est maintenant aussi populaire qu'en France ou en Belgique par exemple ?
JR : Le Tour Down Under est très populaire. L'organisation est parfaite, ils ont su développer tout ce qu'il faut en-dehors de l'épreuve : il y a l'Étape du Tour Down Under, le salon, l'accès aux stands où tout le monde découvre un peu comment on entretient le vélo. Il est vrai que la particularité est qu'on est logés tous dans le même hôtel et tous les jours au même endroit, donc c'est plus facile pour créer des animations. Les stands des équipes sont sous un chapiteau géant donc ça permet d'avoir un peu de flux de spectateurs. Ils ont aussi développé le merchandising qui va avec autour du Tour Down Under, donc ça draine pas mal de monde. Sinon, sur les départs et arrivées c'est bien, il y a du monde. Après c'est vrai qu'en cours d'épreuve il y a un peu moins de monde, mais ça reste quand même très populaire pour une course de vélo.

VW : Tu parlais de la bonne qualité de l'organisation. Aujourd'hui cette course a le statut UCI WorldTour, ce qui la met au même niveau que Paris-Nice, Tirreno-Adriatico ou le Critérium du Dauphiné par exemple. Est-ce que pour toi cette course, historiquement une course pour purs sprinteurs*, mérite ce statut et est vraiment comparable avec ces courses plus historiques ?
JR : C'est vrai que c'est assez bizarre de reprendre directement par une course ProTour**. Ce sont des points pour sprinteur qui va bien en début de saison, ils ne sont pas faciles à avoir. Ceci dit, le classement général cette année était un peu différent puisqu'il y avait cette arrivée au sommet. C'est pas non plus la haute montagne, ça reste facile mais il y a quand même des bons écarts et des différences donc c'est bien, ça change des habitudes.

Maintenant pour être au même niveau que Paris-Nice ou le Dauphiné, il va falloir un petit chrono je pense ...


* même si cette année un effort avait été fait avec l'arrivée au sommet de Willunga Hill
** non, Jérémy, ça fait 2 ans que c'est l'UCI WorldTour ;-)

Jérémy Roy, toujours disponible pour signer des autographesVW : De retour en France, tu as repris sur le Tour Med. Les conditions météorologiques n'y étaient pas tout à fait les mêmes avec plutôt de la neige et à cause de ça des modifications importantes du parcours. Cela a perturbé votre stratégie qui tournait si je ne me trompe pas autour de Yauheni Hutarovich pour les sprints et Thibaut Pinot pour le Mont Faron qui n'a finalement pas été escaladé ?
JR : Effectivement, la neige a provoqué pas mal de changements, mais on n'a pas été embêté sur le vélo par les mauvaises conditions. Il faisait froid certes mais un froid sec donc c'est pas trop gênant, on était bien couverts, c'est pas comme s'il y avait de la neige fondue qui nous tombait dessus. Du coup l'arrière-pays était un peu enneigé et il y avait même du verglas. L'organisateur a su prendre les bonnes décisions assez rapidement pour nous éviter tout risque et tout enjeu donc bravo à lui !

Concernant la course, ça arrive souvent au sprint donc on avait notre sprinteur maison et on jouait tout sur lui. C'est vrai qu'on a pris souvent la barre à la course pour contrôler et rouler. Dans le final on misait effectivement sur Thibaut Pinot et éventuellement Rémi Pauriol mais le Faron escamoté, on s'est retrouvé à finir sur une bosse un peu moins pentu que le Faron donc il était un petit peu déçu ... Après, je pense que le vainqueur aurait été le même au général vu la démonstration qu'il a fait.


VW : Ça s'est donc terminé par un petit drapeau rouge en haut de cette côte ... Le Tour Med a été remporté par Jonathan Tiernan-Locke qui a ensuite, comme toi, enchaîné avec les deux étapes du Tour du Haut Var. Là aussi il a été assez impressionnant, surtout lors de la deuxième étape, et il a remporté à nouveau le classement général. Avant cette année, tu connaissais ce coureur ?
JR : Non, non, je ne le connaissais pas du tout puisqu'il courait chez Rapha-Condor l'an passé et je ne crois pas avoir fait de courses avec eux. Cette année il est chez Endura mais je ne le connaissais pas du tout. Il a coupé 3 ans sans vélo, je crois entre 2006 et 2009. Pas connu donc on s'est un peu renseigné sur lui pour savoir ce qu'il avait fait, les journalistes ont enquêtés donc on a aussi su ce qui a été écrit par la presse.

VW : Donc tu as su que l'année dernière il s'était déjà pas mal montré au Tour of Britain où il a terminé 6ème .. et là il commence fort cette année !
JR : Oui, gagner des courses ou des étapes comme lui en étant classé au général à chaque fois dans les bons numéros quand même en terminant tout seul, il y a une différence quoi, c'est plutôt pas mal !

VW : Et quand on revient sur ton Tour du Haut Var, tu en as profité encore pour te glisser dans une échappée, non ?
JR : Oui, sur la deuxième étape, j'étais dans une échappée où on était 16 donc c'était important de représenter l'équipe. Ça s'est un peu bataillé au sein de l'échappée au bout de 120 kilomètres, je me suis retrouvé isolé à deux avec Arashiro, puis à 5 et encore quelques autres coureurs et finalement tout s'est regroupé en quelques kilomètres. À 40 kilomètres de l'arrivée grosso modo le reste de l'échappée est rentré puis le peloton et après c'était fini pour ma journée, j'avais fait pas mal d'efforts et ça roulait trop vite dans le final pour moi ...

Rémi PauriolVW : Ensuite, ta dernière course jusqu'ici a été les Boucles du Sud Ardèche dimanche dernier. Ça s'est joliment terminé avec une victoire pour FDJ BigMat, avec Rémi Pauriol, mais aussi avec Arthur Vichot, le tenant du titre, qui termine deuxième derrière lui. C'était tout bon ça ?
JR : Oui, nickel, il n'y a rien à dire ... Rémi on savait qu'il marchait fort parce qu'on avait fait un test chronométré sur le Col d'Eze et il nous avait atomisé. Il m'avait même rattrapé, il m'avait collé une minute 30 donc j'étais un peu dégoûté à la fin de l'entraînement mais ça fait partie du jeu, il faut s'entraîner ... Il avait fait une belle démonstration donc on savait qu'il marchait. Arthur, revenant de sa blessure***, les directeurs sportifs ne savaient pas trop où il en était, mais on savait qu'il marchait parce que de toute façon il avait enchaîné quasiment immédiatement sur hometrainer puis sur la route, il est arrivé bien affuté au stage et à l'entraînement il marchait bien. En course, moi j'ai fait quelques échappées, on s'est retrouvé du coup à une trentaine dans le final, il y a eu un écrêmage au fur et à mesure. Comme je savais qu'ils marchaient pas mal mes deux collègues et que j'avais fait pas mal d'efforts avant le dernier tour, je me suis sacrifié pour eux dans le dernier tour sachant que je ne pouvais pas gagner. Ils font un et deux au final, rien à dire, parfait. Ils se sont bien débrouillés sans moi après pour conclure !

*** dans une chute malheureuse sur l'Étoile de Bessèges, Arthur Vichot s'était fracturé la clavicule

Yauheni HutarovichVW : Tout à l'heure tu parlais du Col d'Eze et l'entraînement que vous avez fait là-bas. Si on passe au futur, dimanche commence Paris-Nice 2012. Tu y as des objectifs particuliers ?
JR : Je pense qu'on va tourner autour de deux objectifs : victoire d'étape pour (Yauheni) Hutarovich et le général pour (Rémi) Pauriol et (Arnold) Jeannesson. Après on aura quelques libertés pour faire les baroudeurs je dirais avec Sandy (Casar) et moi notamment, pour essayer d'aller chercher une étape, mais ça tournera plus autour de notre sprinteur Huta et des deux pour le général je pense.

VW : La dernière étape sera le retour du "historique" contre-la-montre au Col d'Eze. Tu l'as reconnu récemment, tu es content du retour de ce dur contre-la-montre en fin de course ?
JR : (rires) Non ! C'est quand même extrêmement dur. Le départ, on fait deux kilomètres assez pentus, après il y a un petit replat et après ça remonte puis ça finit sur un kilomètre de plat. C'est jamais évident à gérer un contre-la-montre en bosse comme ça, il faut pas se mettre dans le rouge au pied parce que sinon on n'est pas près d'être rendu en haut parce qu'on ne récupère pas du tout de nos efforts en bosse. Donc c'est un effort spécial en fin de semaine, au bout de 8 jours de course, c'est particulier. C'est bien qu'il y a un chrono, c'est vrai que ça change aussi un peu de l'étape classique Nice > Nice qui est aussi dure mais le retour à la tradition c'est peut-être pas si mal aussi. C'est aussi ce qui faisait le charme de Paris-Nice. Ça risque d'être indécis jusqu'au chrono !

VW : Effectivement, cette dernière étape pourrait du coup avoir une influence assez importante sur le classement final ?
JR : Oui, on peut faire pas mal d'écart dans ce col oui, c'est sûr !

L'équipe FDJ BigMatVW : Tu as fait d'autres reconnaissances sur les étapes de Paris-Nice ?
JR : Non, juste le final de l'étape Sisteron > Nice, les 60 derniers kilomètres comme on était à Nice justement pour reconnaître le Col d'Eze ...

VW : Enfin, qui seront tes coéquipiers sur cette édition de la course au soleil à part par exemple Hutarovich dont on parlait tout à l'heure ?
JR : Il y a (Pierrick) Fédrigo aussi qui pourra peut-être gagner une étape je pense, qui aura envie aussi de gagner une étape en tout cas. Sinon il y aura en plus Cédric Pineau, Sandy Casar, Arnold Jeannesson, Rémi Pauriol, Anthony Geslin et moi ...

door Thomas Vergouwen
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1 commentaire | 2359 vues

cette publication est référencée dans : Carnet de route Jérémy Roy | Paris-Nice 2012

Commentaires

Il y a actuellement 1 commentaires !
  1. http://www.les-actus-du-cyclisme.fr/article-jeremy-roy-paris-nice-indecis-jusqu-au-chrono-interview-101264101.html

    | Roland TISSIER | vendredi 09 mars 2012 om 16h46

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