Comme vous le savez (et comme vous avez pu le découvrir ici, ici et ici), ça fait quelques années (depuis fin 2004 pour être précis) que les organisateurs des 3 grands tours (Tour de France, Giro d'Italia et Vuelta a España) étaient en désaccord avec l'UCI au sujet de l'UCI ProTour.

Il semble que le conflit va bientôt toucher à sa fin car l'UCI a présenté aujourd'hui son plan pour le futur du cyclisme professionnel avec lequel l'organisateur du Tour de France serait d'accord ...

Pour rappel, la principale raison du désaccord étaient les règles de sélection d'équipes participantes (UCI : toutes les équipes du ProTour participent systématiquement, ASO : voulait être maître de la sélection des équipes) et finalement aussi l'objectif non toujours communiqué de l'UCI d'obtenir les droits de diffusion TV (UCI : voulait regrouper les droits TV de l'ensemble des courses ProTour pour les proposer en package aux diffuseurs, ASO : voulait garder une de ses principales sources de revenus et donc la maîtrise totale de ses droits de diffusion).

Le déblocage de la situation

La situation a commencée à être débloquée quand Marie-Odile Amaury qui dirige le groupe Editions Philippe Amaury - propriétaire d'entre autres Amaury Sport Organisation, l'organisateur d'événements sportifs dont dans le cyclisme notamment le Tour de France, Paris-Nice, Paris-Roubaix, Paris-Tours, etc. - a contacté l'UCI il y a quelques semaines pour mettre un terme à la guerre entre ASO et l'UCI (pour rappel : Paris-Nice et le Tour de France 2008 avaient été organisés en-dehors du cadre de l'UCI et sous la responsabilité de la Fédération Française de Cyclisme).

Il y a alors eu des négociations entre l'UCI et le groupe Editions Philippe Amaury sous les auspices du Comité International Olympique (CIO). Le CIO était notamment représenté par son président Jacques Rogge qui a demandé à un de ses membres, Jean-Claude Killy, lui-même directeur d'ASO (Société du Tour de France) de 1992 à 2001, de prendre le rôle de médiateur dans ces discussions.

Le plan pour le futur du cyclisme professionnel

Le président de l'UCI, Pat McQuaid, a alors présenté aujourd'hui à Pékin (lieu des actuels Jeux Olympiques) le plan pour le futur du cyclisme professionnel qui est basé sur ces discussions et qui prend a priori en compte certaines attentes exprimées par les différents acteurs du cyclisme professionnel (équipes, coureurs, organisateurs, fédérations, ...).

Ce plan consiste dans un premier temps en la création l'année prochaine d'un Calendrier Mondial UCI qui comprendra les courses historiques (celles organisées par ASO, RCS et Unipublic) et celles de l'UCI ProTour et d'un classement individuel et par équipes qui s'applique à ces courses. La deuxième partie de ce plan concerne la définition des droits de participation des équipes aux courses de ce calendrier à partir de 2011 : sur la base de ce classement 17 équipes de 9 coureurs ou 18 équipes de 8 coureurs (restant à déterminer) seraient automatiquement sélectionné pour y participer.

Dans le cadre de l'accord en cours de préparation, l'UCI confirme d'ailleurs qu'elle reconnaît les droits de propriété et les droits d'exploitation exclusive d'ASO et de tout organisateur (ce qui est un message important notamment concernant les droits de diffusion TV).

Le volet portant sur la sélection des équipes participantes ne sera effectif pour le Tour de France qu'à partir de 2011 car les droits de participation au Tour de France 2009 et 2010 sont régis par la convention signée le 18 juin entre les équipes et ASO pour la participation au Tour de France de cette année.

Problème résolu ? Peut-être, mais c'est pas encore sûr ...

Ce plan a donc été présenté officiellement par l'UCI aujourd'hui et on ne peut que saluer le fait que les acteurs du cyclisme se reparlent (au lieu de communiquer uniquement par communiqué de presse ... comme je leur avais d'ailleurs suggéré mi-juin en fin de cet article) et que des efforts semblent être faits par tous les acteurs pour essayer de trouver un compromis.
Néanmoins, il reste encore des choses à faire, parce que tout n'est pas encore très clair :

• le classement de ce nouveau calendrier est le point de départ pour la définition des droits de participation des équipes aux courses de ce calendrier, mais comment fonctionnera alors l'évolution de cette liste d'équipes y participant ? Y-aura-t'il un système comme dans beaucoup de sports où par exemple les deux équipes classées en dernier seraient remplacées par les équipes les mieux classées dans la division en-dessous (mais encore : qu'est-ce que c'est cette division en-dessous ?) ou pas ?
• il n'y a pas de solution pour un comportement éthique incorrect : une équipe qui ne respecte pas bien les règles d'éthique du sport mais qui obtient de bons résultats ne pourrait a priori pas être exclu du classement et donc de participation aux courses qui en font partie ; A.S.O. voulait à la base un système dans lequel à la fois les résultats et le respects des règles d'éthique seraient considérés
• à priori les organisateurs de la Vuelta et du Giro auraient également réagi positivement quand ils ont pris connaissance de ce plan, mais il faut encore attendre les discussions qui vont avoir lieu avec ces deux autres monuments du cyclisme
• le groupe Editions Philippe Amaury a indiqué dans un communiqué de presse réagir avec espoir et prudence à ce plan en disant notamment que pour l'instant, aucun accord n'a été signé et que des rendez-vous importants devront avoir lieu à la rentrée ; sa présidente a salué un vrai pas en avant tout en disant qu'il reste beaucoup d'autres pas à réaliser encore pour que le cyclisme retrouve son calme et son harmonie. Pour notre part, avec les dirigeants d'ASO, nous sommes déterminés à les réaliser, avec espoir et prudence. Il faudra pour cela que l'intégralité, je dis bien l'intégralité des acteurs de notre sport, soient satisfaits

La Fédération Française de Cyclisme (FFC) réintegrera l'UCI ...

L'UCI a profité du communiqué de presse au sujet de ce nouveau plan pour préciser qu'elle espérait que la mise en place de ce plan pourrait également permettre de mettre fin aux diverses procédures engagées, ce qui rendrait possible la réintégration complète de la Fédération Française de Cyclisme au sein de l'UCI.

door Thomas Vergouwen
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