Aujourd'hui on a hélas souvent le sentiment qu'il vaut mieux être le premier à raconter n'importe quoi que le deuxième à dire la vérité. Avec la phrase dans le titre au sujet de son travail en tant que directeur du Cyclisme chez ASO, cette phrase au sujet des journalistes n'en sont que deux de celles qui marquent l'interview d'Emmanuel Barth avec Christian Prudhomme pour Yahoo! Sport (publiée le 12 décembre dernier).
Cette interview, sans langue de bois, touche des sujets divers et variés, tournant notamment autour du Tour de France. En passant de la mondialisation par le travail des journalistes et de l'affaire Contador au Tour de France 2012, Christian Prudhomme commente les sujets qui restent d'actualité dans le monde du cyclisme, notamment en France.
Dès le début de l'interview, Christian Prudhomme, non seulement le directeur du Tour de France mais directeur du Cyclisme chez Amaury Sport Organisation (ASO), donne le ton en expliquant au sujet de ce rôle qu'il remplit chez ASO et plus largement dans le paysage du cyclisme mondial que c'est pas un métier, pour moi c'est une mission sans aucun doute !
C'est alors tout au long de l'interview qu'on voit le côté passionné de cyclisme de Christian Prudhomme ou, comme il le dit lui-même, celui du frapadingue de vélo qu'il est, transpirer dans ses réponses aux questions pas forcément toujours très agréables pour un directeur du Tour de France.
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Le journalisme
Le premier grand thème à être abordée lors de cette interview est le journalisme. Rappelons que Christian Prudhomme est lui-même ancien journaliste, diplômé de l'École supérieure de journalisme de Lille où il faisait parti de la 59ème promotion, et a exercé ce métier en tant que journaliste sportif, notamment chez France Télévisions, L'Équipe TV qu'il a aidé à créer en 1998, Europe 1, La Cinq et LCI. C'est d'ailleurs ainsi qu'il est devenu directeur du Cyclisme chez ASO.Tout d'abord il explique comment il en est venu là : le journalisme est la seule chose que je sache faire et c'est le seul métier que j'ai jamais eu envie de faire. J'ai eu la chance de le devenir et de pouvoir couvrir l'événement que je voulais couvrir par-dessus tout : le Tour de France, comme journaliste à la radio puis à la télévision. Ce poste-là a fait que les deux patrons du monde du sport que j'ai le mieux connu, c'était d'une part Jean-Marie Leblanc (son prédécesseur à la tête du cyclisme chez ASO) et par ailleurs Patrice Clerc (l'ancien patron d'ASO avant Jean-Etienne Amaury et auparavant responsable du marketing puis directeur de Roland-Garros) parce que j'étais le syndic de presse radio sur Roland-Garros et que je couvrais également le tennis et les rallye-raids.
Un jour Jean-Marie est venu me voir et il m'a dit "J'aimerais bien que ça soit toi après moi". Alors j'ai fait "glurps" et j'ai dit "oui" !
Il a ensuite donné sa vision sur les journalistes de nos jours et la phrase Aujourd'hui on a hélas souvent le sentiment qu'il vaut mieux être le premier à raconter n'importe quoi que le deuxième à dire la vérité et c'est terrible ne peut que faire chaud au coeur ... seulement, nombre de journalistes ne semblent toujours pas l'avoir compris ! A quand le jour où ce critère prendra toute son importance au lieu d'uniquement la détention d'une carte de presse pour être accrédité sur une course cycliste ?
La mondialisation du cyclisme
Un autre thème qui faisait forcément partie de cette interview était bien évidemment la mondialisation dont tout le monde parle et qui est la grande promesse du futur du cyclisme selon certains et la fin du vélo comme on le connaît ou même la fin tout court pour d'autres ...Tout d'abord avec quelques mots rassurants sur le fait qu'un départ du Tour de France depuis les Etats-Unis n'est pas d'actualité. En effet, ce que Jacques Goddet voyait pour "bientôt" à la fin des années 80, ça ne sera pas pour demain selon Christian Prudhomme même s'il ajoute que le caractère international du Tour de France est de plus en plus évident et c'est très bien.
Au sujet de la mondialisation au sens plus large et de l'intérêt de courses cyclistes comme le Tour de Pékin, le Tour d'Oman et certaines courses américaines, le directeur du Cyclisme chez ASO s'est exprimé ainsi : La bicyclette est universelle et le sport cycliste ne l'est pas. Pour vivre, je dirais même pour survivre et, mieux encore, pour se développer, le sport cycliste a besoin d'être partout dans le monde.
(...)
Il y a une nécessité qui est aussi une nécessité économique pour l'Union Cycliste Internationale, pour obtenir la manne du CIO il faut que la discipline soit dans un certain nombre de pays.
(...)
Donc il y a une nécessité à se développer, mais en gardant une cohérence évidemment et surtout sans renier les racines, la ferveur, l'enthousiasme qui partent, oui, de chez nous, des pays historiques du vélo, notre vieille Europe, notre vieille belle Europe !
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Le Tour de France 2012
Il y a eu pas mal de polémiques au sujet du Tour de France 2012 et notamment sur le fait que les deux grands massifs de la France sont plutôt "délaissés" par le Tour pour sa 99ème édition et qu'il s'agirait donc d'une édition moins montagneuse (y compris dans vos commentaires sur velowire.com !). Quand Emmanuel Barth lui pose la question, Christian Prudhomme (après avoir fait une petite blague au sujet de la publication malheureuse et anticipée du parcours de 2012) a d'abord souhaité souligner qu'il n'y a pas moins de montagne que d'habitude mais qu'il s'agit d'un sentiment basé sur l'inconnu : On voulait quelque chose de différent, d'inédit en 2012 (entre les centenaires des premiers passages dans les Alpes et les Pyrénées et la centième édition en 2013).On a été jusqu'en 2010 dans un cyclisme qui dans les Grands Tours était un cyclisme d'attente. Et d'une certaine manière un cyclisme desespérant par rapport aux envolées, aux chevauchées d'autrefois, de Bernard Hinault ou de mon enfance d'Eddy Merckx, de Luis Ocaña ou de Bernard Thévenet. Là l'idée c'est vraiment de faire en sorte que les rendez-vous soient moins convenus. C'est-à-dire que ce sera pas sur 3 arrivées au sommet et un contre-la-montre, ça va peut-être se faire sur 6, 7, 8 étapes avec ce que j'appelle des rampes de lancement. Il y a un événement qui m'a vraiment marqué, désagréablement, c'est le Tour 2010 et l'arrivée à Avoriaz, donc arrivée en altitude, première arrivée en altitude sur ce Tour, et Andy Schleck attaque au kilomètre, au kilomètre dans une étape de montagne avec arrivée au sommet, c'était dans mon enfance ce que faisait Willy Teirlinck (10 participations au Tour de France, 5 victoires d'étapes en 1972, 1973 et 1976) sur le plat, il partait à un kilomètre et il gagnait et il triomphait au nez et à la barbe des sprinteurs. Pour moi c'est pas possible. Je préfère ôh combien le Andy Schleck 2011 qui attaque à 62 kilomètres de l'arrivée, dans l'Izoard, qui ensuite part de là au Galibier et va triompher. Il y a des rampes de lancement qui sont faites pour que les gens saisissent leur chance, sur des pentes terribles qui font qu'il y ait une sélection qui sera naturelle quoi qu'il arrive, à 30, 25, 40 kilomètres de l'arrivée et là, avec un tout petit peu d'audace, on va avoir de très très belles épreuves et de très belles étapes. Je suis certain !
L'interview complète en vidéo
Après avoir visionné cette interview il y a quelques semaines sur le site de Yahoo! Sport, j'ai voulu la mettre en avant pour la faire connaître au plus grand nombre car je pense qu'elle est intéressante et elle touche à quelques points "sensibles". Je pense vous avoir donné un petit avant-goût avec les 3 principaux thèmes évoquées lors de cette interview et espère vous avoir incité à vouloir en savoir plus et voir l'interview en entier (il y a également le thème "Alberto Contador" qui est évoqué ainsi que l'avis de Christian Prudhomme sur certains personnages du monde du cyclisme où Jean-René Godart prend gentiment une petit claque, contrairement à Thierry Adam qui ne connaît pourtant pas toujours tous les détails non plus ;-) ...).Je voulais donc vous proposer de la visualiser directement ici ou en mettant un lien vers l'interview, mais les deux se sont avérés impossibles : l'intégration n'est pas proposée par Yahoo! et le lien qu'on retrouve sur leur site est erroné.
Le mieux que je peux donc faire c'est de vous proposer de la retrouver dans le player ci-dessous, qui se mettra à jour au fur et à mesure des nouvelles interviews réalisées par Emmanuel Barth (toujours intéressantes à suivre d'ailleurs !). Pour cela, retrouvez la première occurrence (il y en a deux) de l'image suivante en-dessous du player (avec le titre L'Interview Yahoo! Sport : Christian Prudhomme ; au moment de la publication de cet article le 4ème dans la liste) :
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4 commentaires | 5279 vues
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Très bon article Thomas , digne d'un très bon journaliste .
Je suis content de voir que mr Prudhomme desteste lui aussi ces étapes de montagne complétement dénigrer par les coureurs .
Par contre j'aimerais qu'un jour , il avoue que certaines étapes était mal tracés type Lourdes 2011 ou Pau 2010 . Simple exemple ou peuvent s'ajouter Annonay et Bellegarde 2012 , c'est à dire l'avenir . Esperons mieux pour 2013 , où l'on espere un Tour grandiose en terme d'étapes et d'intensiter avant et pendant la course .
Sur ce je vais aller poster le Giro finis sur le nouveau site fraîchement creer . Encore merci pour celui-ci .
| bapt77 | mercredi 28 décembre 2011 om 12h09
Bellegarde 2012 pour lui est bien tracée, puisqu'il dit "Il y a des rampes de lancement qui sont faites pour que les gens saisissent leur chance, sur des pentes terribles qui font qu'il y ait une sélection qui sera naturelle quoi qu'il arrive, à 30, 25, 40 kilomètres de l'arrivée", soit le Grand Colombier pour cette étape ... et accessoirement je partage son opinion ici. On va voir si les coureurs vont dénigrer ce tremplin ou non.
| Mrmoving | mercredi 28 décembre 2011 om 18h37
Cette interview prouve que Mr Prudhomme (s'il avat à le prouver) était un organisateur plus qu'on businessman-manager, même s'il doit gérer cet aspect.
Reste aux coureurs de refaire de la montagne un terrain de spectacle... Si seulement le coup d'A.Schleck dans l'Izoard était plus fréquent...
| Florian | jeudi 12 janvier 2012 om 20h59
Ce n'est pas un commentaire mais plutôt une question. J'ai le sentiment profond que le tour de france cuvée 2012 nous offre un vainqueur sans grand panache. J'ai en effet le sentiment que le tour de france s'est couru davantage dans les voitures suiveuses et les oreillettes que sur les vélos même si je ne nie pas l'effort des coureurs (voir l'ipnetpie froom-wiggings). La course semble plus basée sur la spéculation, la tactique, tout cela engendré par la fameuse oreillette. Merckx, Hinault et bien d'autres n'avaient pas besoin de cette techniqur pour être de vrais champions. Allez-vous interdire l'oreillette en 2013. Ce ne serait que positif pour le sport. Merci.
| jacques LEJEUNE | dimanche 22 juillet 2012 om 11h49